Le livre, un produit de dernière nécessité…
Le livre, un produit de dernière nécessité…
Que de polémique – justifiée ou non – autour du livre. Entre la définition du livre, son évolution, son prix, sa tva, ou encore sa forme, il y en a pour toutes les oreilles, tous les cerveaux, toutes les réflexion.
Un peu d’histoire…
Je ne commencerai pas mon histoire par Gutenberg et le début de l’imprimerie. Le débat ne se situe pas à ce moment de l’histoire. Allons plutôt dans notre siècle (et un peu du précédent pour certaines références).
Tout d’abord, une définition du livre s’impose. Un livre, c’est quoi ? Un enfant de ma génération, ou de la vôtre répondrait simplement : un assemblage de pages, des mots sur du papier qui raconte une histoire, un rêve qu’on partage avec des gens…
Un petit qui a la chance d’apprendre à lire et écrire sur une tablette numérique, lui, vous répondrait sans aucune hésitation : c’est mon iPad…
La définition « officielle » est plus précise qu’une simple ligne, mais… elle ne tient pas compte de l’évolution de nos technologies. Il s’agit d’une définition fiscale donnée par la Direction Générale des Impôts dans son instruction du 30 décembre 1971 :
« Un livre est un ensemble imprimé, illustré ou non, publié sous un titre ayant pour objet la reproduction d’une œuvre de l’esprit d’un ou plusieurs auteurs en vue de l’enseignement, de la diffusion de la pensée et de la culture.
Cet ensemble peut être présenté sous la forme d’éléments imprimés, assemblés ou réunis par tout procédé, sous réserve que ces éléments aient le même objet et que leur réunion soit nécessaire à l’unité de l’œuvre. Ils ne peuvent faire l’objet d’une vente séparée que s’ils sont destinés à former un ensemble ou s’ils en constituent la mise à jour.
Cet ensemble conserve la nature de livre lorsque la surface cumulée des espaces consacrés à la publicité et des blancs intégrés au texte en vue de l’utilisation par le lecteur est au plus égale au tiers de la surface totale de l’ensemble, abstraction faite de la reliure ou de tout autre procédé équivalent. »
Une liste des ouvrages correspondants à cette définition est disponible sur internet.
Jusqu’en 1979, le prix du livre – car soyons sérieux, c’est bien ce qui nous intéresse – était « conseillé », par l’éditeur, libre de notifier ce prix sur la couverture du livre. Le libraire choisissait lui-même le prix du livre, et les remises ou les majorations qu’il y appliquait. En février 1979, l’arrêté Monory, instaure le « prix net ». Le libraire est totalement libre de fixer le prix qui lui convient sans tenir compte du « conseil » de l’éditeur.
Le 10 aout 1981, une loi est votée : le prix unique du livre. Cette fois, c’est l’inverse ! C’est à l’éditeur qu’il incombe de fixer le prix du livre et au libraire de s’aligner. Cette loi a été vigoureusement contestée, car très protectionniste et flouant la libre concurrence. Cette période correspond à la montée des grandes surfaces. Celles-ci décidaient de ne pas appliquer cette loi. En décembre 1982, le gouvernement a décidé de présenter un décret infligeant des sanctions pénales en cas de non respect. Conformité de la loi validée par la Cour de justice des communautés européennes en 1985…
Alors le prix du livre, pourquoi ça coince ?
Parce que, comme l’industrie du disque, l’industrie du livre se voit aujourd’hui bouleversée. Avec le développement des nouvelles technologies, la forme du livre a évolué. Avez-vous déjà entendu parler des fameux ebook (ma tata dit le « i-livre, je parle pas anglais moi » !) ? Bien ! C’est la forme du livre qui se répand actuellement sur la toile. De là, à dire que c’est l’avenir… pas sur.
Un nouveau taux de TVA pour le livre en 2012
Le gouvernement vient d’annoncer, en cette fin d’année 2011, quelques changements qui font grincer des dents. En effet, le taux de TVA (taxe sur la valeur ajoutée) évolue tout comme la forme du livre. Elle va passer de 5,5% à 7%. Le livre en format papier va donc augmenter en bout de chaine. Le consommateur curieux de s’enrichir culturellement va se faire taxer. Tous les livres dits papier vont voir leurs prix augmenter.
En revanche, la bonne nouvelle concerne le livre électronique : le ebook. Son taux de TVA sera, lui, abaissé, et passera de 19,6% à 7% courant 2012. Je vous vois venir : pourquoi le gouvernement annonce une hausse de la tva du livre papier pour faire entrer de l’argent dans les caisses et baisserait celle du livre numérique ?
Un mot : STRATEGIE. Nos dirigeants tablent sur une augmentation du nombre de ebook vendus dans les mois à venir. Et oui, tout simplement. En tant que bon gestionnaire, on utilise les outils de prévisions. Or les courbes indiquent clairement que le livre numérique est voué à connaitre une bonne croissance.
Alors ils en profitent. Plutôt que limiter son expansion, ils préfèrent perdre de la TVA à court terme pour la rentabiliser à long terme.
Un prix démesuré …
De nombreuses « études » (grand mot hein ? disons que cette fois, ce sera juste des commentaires lus un peu partout) indiquent que le prix du livre numérique est trop élevé à ce jour. Il est souvent très proche du prix du livre papier or les coûts de production sont différents. Etant donné que tout est numérique, aucun arbre n’est sollicité, pas d’encre, pas de chaine de production, les canaux de distribution ne sont pas les mêmes, pas de boutique physique… alors pourquoi est-il aussi cher ? peut être parce que les grands de l’industrie du livre ne veulent pas perdre d’argent.
Le plus grand exemple est le disque. Aujourd’hui espèce en voie de disparition, les titres sont en vente pour quelques euros sur des plateformes musicales. L’artiste est rémunéré pour son oeuvre mais les intermédiaires ne sont pas contents… dommage (ironie haha).
Avec internet, rien ne vous interdit de sortir de cette cloison de l’industrie du livre et de créer votre propre ligne. Vous pouvez publier votre oeuvre sur le net, par le biais de votre propre site ou de plateformes gratuites…
Et les autres types de livres ?
Il existe d’autres types de livres dont on parle un peu moins et qui, d’après ce qu’on a pu lire, ne semble pas concerné par le changement de TVA.
Je pense notamment au livre audio. Actuellement son taux de TVA est de 5,5 %. Depuis 2009, le livre audio est considéré comme un livre papier. Est-il un oublié du gouvernement ?
Et chez nos voisins européens, c’est quoi le taux de TVA des livres ?
En voilà une bonne question. Pour y répondre, je vais me limiter à la citation des taux des pays européens francophones. En effet, à moins d’être à l’aise dans une autre langue (anglais, allemand, espagnol ou autre…), on achète des livres dans sa langue maternelle. Quand on parle de petit matériel informatique, peut importe la langue dans laquelle est écrite à la notice (CD rom, clé usb, souris, manette…).
La Belgique connait un taux de TVA applicable au livre de 6% (ou 12% selon les contenus). Jusqu’à présent, les Belges avaient avantage à acheter leur livre chez nous. Va-t-on assister à une situation inverse ? Au moins pour les frontaliers… ou les cyberconsommateurs !
Pour conclure sur le livre et la perception que nous en avons…
En tout cas, on constate que le livre devient, avec le temps qui passe, un produit de luxe. Le livre papier recule et les éditeurs nous servent des livres grand format vendus entre 20 et 30e. Les poches se font plus rares ou bien il faut les attendre plus longtemps. Les voraces de lecture vont instinctivement se rapprocher des livres numériques (de plus en plus nombreux et disponibles en différents formats pour tablettes) à condition que ceux-là ne soient pas excessifs.
Et après ? On fait quoi ? on écrit plus, on lit plus ? C’est triste !
Allé courage, amis lecteurs, vous avez au moins lu mon article jusqu’au bout.