SF : L’alchimie de la pierre de Ekaterina Sedia
Présentation de l’auteure : Ekaterina Sedia
Résumé (composition personnelle) : l’alchimie de la pierre
Mattie est une automate, un « robot », mais contrairement aux autres, elle est émancipée et a le droit de travailler, tout en appartenant à son créateur Lohari qui détient la clé pour la remonter. D’ailleurs, elle est Alchimiste. Elle est capable de réaliser des potions, des toniques ou encore des parfums, sur commande. Elle vit dans une immense ville fondée par des gargouilles vivantes, qui, sans une aide disparaîtront, eux et leurs savoirs sous peu en raison de leur morphologie. Ils se statufient. Tandis que les Mécaniciens et les Alchimistes se chamaillent au Parlement pour obtenir la majorité, le peuple tente de survivre avec ses petits moyens. C’est notamment le cas de Mattie, l’automate. La lutte pour l’indépendance et l’humanité sont désormais enclenchées…
Mon sentiment général
J’ai beaucoup aimé cette lecture, l’Alchimie de la Pierre. Je me suis plongée dedans assez rapidement. Le personnage central est une femme, une automate dotée d’une conscience et de bien plus d’humanité que de nombreux êtres humains tous mondes confondus. C’est un conte qui nous transporte dans un monde fait de science, de magie et de machines où s’affrontent la modernité et les traditions anciennes. Cette ambiguïté représente bien notre monde actuel et c’est précisément ce qui a retenu mon attention. L’héroïne est une vraie féministe qui nous entraîne dans son quotidien où la beauté perce les ténèbres.
Les sentiments de l’automate Mattie passent extrêmement bien au lecteur. J’entendais presque le cliquetis de son cœur alors qu’elle marchait dans la rue. Ou encore le bruit du tissu qu’on défroisse lorsqu’elle touche sa robe.
L’action est très peu présente ou disons plutôt très limitée. D’ailleurs, le seul décor est celui de la ville où vit Mattie, l’automate.
Ce que j’ai aimé
J’ai aimé que le personnage principale soit une femme, ou disons féminin. Les préjugés et les stéréotypes sont très présents et souvent balayés par l’auteur en nous rappelant que même si Mattie est une automate, elle a un cœur aussi fin qu’une horloge, qu’elle est douée de raisons et d’humanité. Elle est aussi intelligente qu’empathique.
Elle expérimente la vie, à sa manière et selon sa condition. Non seulement elle est une femme mais en plus, elle est un automate. Personne ne lui accorde la moindre attention et l’écoute est quasiment inexistante. Elle rencontre Niobé, une étrangère à la peau caramel qui maîtrise une alchimie du sang, alchimie que Mattie ne connaît pas mais compte bien apprendre. Alors qu’une révolte couve sous terre, les pouvoirs s’affrontent face aux complots. L’histoire est rondement menée.
Ce qui a piqué ma curiosité
J’aurai aimé en savoir plus sur cette conscience qui appartient à Mattie. Comment un automate peut-il penser ? D’où lui vient cette faculté humaine ? Comment peut-elle ressentir de la douleur et du plaisir ? Par quelle magie ou mécanique est-ce possible ? Je pensais, pendant les premières pages du livre, que Mattie avait hérité de la conscience d’une humaine, pourquoi pas celle de la femme aimée et disparue de son créateur. Mais c’est un roman court (à peine 260 pages) alors je pense que l’auteur a dû trancher pour l’histoire. Alors cette information restera du domaine de l’imaginaire.
Les gargouilles sont également une présence mystérieuse dans les pages. On en sait suffisamment pour comprendre leur vie actuelle mais pas assez pour les comprendre. Bien sûr, leur sclérose les rend touchants car, comme les humains, ils ne veulent pas disparaître. Mais leur histoire reste floue et peu détaillée. Les gargouilles nous racontent ce qu’elles ont vues de l’humanité, les horreurs et les belles choses mais leur histoire, à elles, leur appartiendra pour toujours. La vie dans la pierre gardera son mystère, à moins que l’alchimie ne trouve une solution pour transférer la vie d’un réceptacle à un autre.
J’aurai presque aimé un petit spin off pour en savoir plus 🙂
Ce que je retiens
C’est un délicieux petit roman qui nous transporte vite dans un autre monde, pas si éloigné du nôtre. Les gens sont différents mais les luttes de pouvoir, les complots et la préservation de la vie restent les mêmes. On le grignote tranquillement un jour froid d’hiver, sous la couette avec un chocolat chaud et on le referme avec de l’alchimie plein la tête.