Que devient le droit d’auteur dans le monde du numérique ?
Après les problèmes rencontrés par les artistes dans le domaine de la musique, on est en droit de se demander ce que va devenir le droit d’auteur dans le domaine littéraire, et plus précisément dans le monde numérique. Entre le piratage, le téléchargement libre ou sauvage d’oeuvre littéraire, la propriété intellectuelle est quelque peu malmenée.
Qu’est-ce que le droit d’auteur ?
Le droit d’auteur est une notion récente, née durant le 18ème siècle avec Beaumarchais et la Société des Auteurs Dramatiques. Depuis l’Antiquité, l’individu auteur d’une oeuvre, n’est pas forcément valorisé pour sa création. D’autant plus que les oeuvres connues étaient collectives (chansons, récit, légendes…) et personne ne cherchait à en revendiquer la paternité.
Très souvent, transmise oralement, il était quasiment impossible d’en trouver l’auteur. Avec l’invention de l’imprimerie vers 1450, les oeuvres peuvent être produites en série et surtout signées par les auteurs, même si ce n’est pas encore la grande tendance. Les auteurs commencent alors à revendiquer leur production. Avec la révolution, en 1789, le droit d’auteur s’étend et la censure autant que le privilège disparaissent.
Droit d’auteur, pirate et téléchargement
Entre les oeuvres orphelines, le piratage et le téléchargement sauvage, pas facile de faire valoir ses droits en tant qu’auteur. Nombreux sont les auteurs qui ne touchent aucun centimes alors que leurs oeuvres passent de « mains en mains » ou dirait-on plutôt d’ordinateurs en ordinateurs.
Tout comme la musique, la librairie commence à être touchée par le piratage mais il faut rester lucide, c’est plutôt anecdotique. Les études sur les personnes qui lisent des livre sur leurs tablettes ou leurs ordinateurs sont au maximum de 5% de la totalité du volume de lecture en Europe.
Le réel « problème » qui se pose avec le numérique et internet, c’est la disparition des intermédiaires – qui certes collectaient les droits d’auteur mais qui au passage, prenaient une commission plus importante que celle même de l’auteur. Les outils se démocratisent et ne sont plus détenus par les mêmes personnes.
Aujourd’hui un auteur peut éditer son oeuvre lui même. les chemins sont différents mais il est fort probable que de nombreux auteurs peuvent vivre de leur plume, ce qui n’aurait pas pu être le cas il y a 20 ans par exemple.
Longue vie au droit d’auteur
Le droit d’auteur est – comme son nom l’indique – un droit. Il récompense un travail artistique destiné (ou non) à la collectivité. Par récompense, on entend la reconnaissance de l’oeuvre mais également la possibilité d’en tirer un revenu. L’argent régit notre monde, qu’il soit numérique ou physique ! L’auteur doit bien remplir son assiette aussi !
Pour contrer ceux et celles qui vantent d’autres solutions, comme le mécénat ou les sociétés participatives, n’oublions pas que le droit d’auteur sert à protéger l’auteur et son oeuvre avant tout puisqu’il est régit par la loi. Ce qui n’est pas forcément le cas du mécène, qui lui, sera plutôt attiré par son bénéfice et la rentabilité avant le droit d’auteur.
Avec internet, l’accès à la culture est plus pratique. Mais l’imprimerie et ses rouages ne meurent pas pour autant. Comme toute évolution, il est nécessaire de s’adapter. L’industrie musicale a revu sa copie et a mis en place de nouveaux modèles économiques (voir les plateformes de téléchargements ou d’écoute en ligne financées par l’abonnement des internautes). Reste à savoir si les auteurs sont rémunérés à leur juste prix !
Avec l’étude du droit d’auteur et de la rémunération des auteurs, peut être est-ce le moment de repenser le modèle économique. L’imprimerie a vu le jour en 1450, et hormis la technologie, le système reste le même. L’évolution est en marche, mais cela n’exclut pas les droits de propriété intellectuelle. Au contraire, il est temps de les valoriser.
Pour conclure
Le droit d’auteur n’est pas obsolète parce qu’on peut accéder à un bien numérique culturel en un clic. Même si les intermédiaires de l’industrie du livre dénonce un manque à gagner (probablement pour leurs actionnaires), elle semble plutôt bien se porter.
Le piratage ne date pas d’hier non plus. Si vous avez apprécié une oeuvre que vous avez piratée, il est fort probable que vous achetiez – pour vous ou pour offrir – soit l’oeuvre en question, soit une autre oeuvre de cet auteur. Hormis quelques farouches opposants à l’achat (et ce, quelqu’en soit les raisons : financières, morales, artistiques…), cela ne doit pas remettre en question le droit d’auteur.
Internet est un outil qui permet à tous de s’exprimer et de se défendre. Mais gardons bien à l’esprit, que le droit d’auteur n’est pas seulement un droit qui concerne l’auteur. De nombreux acteurs du système sont impactés par ce droit.