Pourquoi le prix d’un livre numérique (ebook) est-il aussi élevé ?
Les consommateurs ont du mal à comprendre pourquoi un livre papier est vendu quasiment aussi cher qu’un livre numérique alors que celui-ci est dématérialisé, donc théoriquement moins couteux.
Dans cette bataille, chacun avance ses arguments :
Le coût de l’impression est minime dans le prix du livre final ?
Le prix est le frein le plus important à l’achat. Les consommateurs sont outrés de voir affiché une oeuvre papier en grand format à 22,90 euros et son équivalent numérique à 15,90 euros. Soit une différence d’à peine 30%. Il faut savoir que le prix du bouquin en format papier sera réparti de la manière suivante (on part sur un prix rond – à savoir 20 euros) :
Certes, ce graphique montre bien que l’imprimeur perçoit moins que l’auteur… et que son coût est nettement inférieur à celui du… libraire !
Si on parlait en terme de pourcentage :
Avec ce petit graphique, on peut aisément voir la répartition du coût dans le prix. On constate que 33% du prix est destiné au libraire, 10% pour l’imprimeur, 22% pour le diffuseur… Soit plus de la moitié est destinée à 3 intervenants qui n’existent plus en tant que tels dans l’industrie du livre numérique… Certes, l’infographie reste indispensable pour votre ebook (ne serait-ce que pour la couverture), donc quelques frais sont tout de même à compter pour la création. Alors pourquoi le prix des ebooks est-il si élevé ?
Une piste à explorer : l’édition
Il faut savoir qu’en France, c’est l’Editeur (notez la majuscule) qui définie le prix de vente du livre numérique selon la loi de 1981 (mise à jour en 2011). Pour définir le prix de vente d’un livre numérique, les éditeurs utilisent exactement la même méthode que celle utilisée pour l’établissement du prix d’un livre en format papier. Et là, ça pêche !
Le modèle économique du format papier n’est pas du tout adapté à l’ebook. On comprend un peu mieux comment la production d’un ebook augmente largement les marges des éditeurs. D’autant que le prix psychologique d’un ebook se situe entre 7 et 9 euros pour un format papier vendu entre 18 et 20 euros. Le problème devient plus épineux quand on voit les livres papier sortir en format poche… pourquoi devrait-on payer un ebook plus cher qu’un livre de poche ?
Que se passe-t-il ailleurs en Europe au niveau du livre numérique ?
Cette loi de protection est typiquement française. Ce qui nous invite à regarder un peu ce qui se pratique dans les autres pays européens. Prenons l’exemple de nos voisins Anglais :
La polémique autour d’une oeuvre numérique n’est pas nouvelle. Elle est seulement relancée régulièrement. Pour le moment, la part de marché du livre numérique est très petite en France. L’ennuyeux c’est que les méthodes et les prix de vente trop élevés tendent à ralentir la croissance des ebooks.
Vers un ebook publié sans éditeur
Avec le développement d’internet, les moyens de publier des ouvrages se sont largement démocratisés. Les logiciels gratuits et payants sont disponibles et permettent aux auteurs de fabriquer leur propre ebook. C’est ainsi que les lecteurs assistent à la publication d’une large gamme d’oeuvres numériques publiés sur le net et téléchargeables.
L’auto-édition tend également à se développer. Dans un monde où l’on cherche à supprimer les intermédiaires, les auteurs sont de plus en plus nombreux à se passer des éditeurs…
Mais il n\’y a pas que l\’impression.
Je vais parler du cas des romans car les livres avec images et BDs sont moins agréable à lire sur une liseuse et demande un remaniement du livre pour les supports électroniques.
Plus besoin de diffuseur (l\’éditeur peut jouer le role de diffuseur).
Pour les romans, on peut stocker 1000 livres par giga–> moins de frais de librairie (espace, electricité). A terme , les livre resterons chez l\’éditeur et il n\’y aura plus que des indexeurs et des outils de recherches.
Si je supprime l\’imprimeur et le diffuseur. Que je réduis le couts librairie de, disons 60%. Le prix de ce livre de 20€ en papier devrait donner 10€. On se rapproche du couts des livres en Angleterre.
Mon avis perso, l\’industrie du livre francophone se tire une balle dans le pied. Le couts élevé du livre numérique vont pousser à la prolifération des moyens de ce procurer des livres piratés. C\’est pas une question de technologie car les livres déprotégé vont se propager par les mêmes canaux que les films, les musiques, les jeux….
Donc mon conseil à l\’industrie du livre, diminuer vos prix avant qu\’il ne soit trop tard.
Au fait, les livres numériques existaient déjà avant que l\’industrie du livre ne s\’y intéresse. Des milliers de livres, principalement en anglais, ont été scanner et passer à l\’OCR depuis la fin des années 90 en format TXT et lisible sur n\’importe quel PDA (clié ,palm).
Bonjour,
Tout d\’abord merci pour ce commentaire plein de bon sens. Evidemment vous prêchez des convaincus !
Nous avons tous conscience que l\’industrie du livre a très peur de la crise qu\’a vécu son cousin le disque et de ce fait, les politiques protectionnistes autour du livre se sont renforcées. Et malheureusement, cela se fait au détriment du consommateur.
Un article paru récemment fait état d\’un net recul de l\’accès à la culture pour de nombreux ménages, incluant, bien sûr les livres. Pour contrer ce triste constat, quelques exemples intéressant ont fleuri comme la mise à disposition (en face de test certes mais sur la bonne voie) des tablettes dans des bibliothèques pour permettre la diffusion de la culture à un plus grand nombre.
Petit pas plus petit pas, et on avancera à grand pas.
Petit détail la TVA est à 5,5% sur un livre papier et à 20% sur un livre numérique, ça n\’est pas négligeable dans le calcul. Sans compter que les plate-formes de téléchargement prennent presque 50% de commission sur la vente d\’un livre numérique…
Bonjour,
Je suis libraire et je voudrait vous dire que votre petit camembert sur la répartition du prix d\’un livre est en fait biaisé. Le problème vient du fait que vous partez du prix public du livre (fixé par l\’éditeur) et non du coût réel pour chacun des acteurs, ce qui est beaucoup plus difficile à évaluer.
Ainsi sur votre graphique, le libraire semble se tailler la part du lion. Sauf qu\’il n\’y a pas un libraire, mais des milliers. Prenons un best-seller par exemple vendu à 100 000 exemplaires. Disons qu\’un très bon libraire vendra 1/1000 de ce chiffre soit 100 exemplaires. Dans ce cas le libraire aura gagné 660 € (33% de 100 exemplaires), alors que l\’auteur aura gagné 240 000 € (2.4€ x 100 000).
En fait vous mettez sur le même plan des choses qui ne se comparent pas. On pourrait aussi mettre en rapport les coûts des libraires (qui doivent payer un loyer commercial, des employés, ses fournisseurs…) avec celui d\’un auteur (qui a priori n\’a investi que du temps dans son roman). Je ne dis pas que l\’un est plus méritoire que l\’autre, mais je dis juste que ce camembert ne reflète pas du tout la réalité de ce qui se passe en réalité. Par exemple il y a beaucoup d\’éditeurs qui gagnent très bien leur vie (même s\’il y en a aussi qui galèrent), alors que d\’une manière générale la rentabilité des librairies indépendante est de -0.1% pour l\’année passée.
Un livre coûte en fabrication à un éditeur entre 0.20 centimes et 1 €. Après il décide de le vendre à 20 ou 22€ (Loi loi Lang lui donne ce pouvoir). Il fixe alors l\’assiette de notre rémunération et bien souvent son pourcentage.
Tout cela pour dire qu\’il est assez difficile d\’illustrer qui gagne réellement quoi dans le milieu du livre. Il faut mettre en balance ces pourcentages trompeurs avec les sommes qui sont investies par chacun, et cela n\’est jamais fait.
Durkheim disait qu\’une idée simple mais fausse sera toujours plus puissante qu\’une idée vrai mais complexe, et j\’ai bien peur qu\’il ait impitoyablement raison !